Les.mistrals.gagnants

et morgane dans tout ça? je ne l'oublie pas. je ne l'oublierai définitivement jamais. je ne peux pas. je croise ses parents à peu près une fois par semaine. ils me voient et c'est comme s'ils accéléraient le pas pour venir me saluer, me parler. je n'ose pas leur demander comment ils vont. je ne veux pas qu'ils me montrent leur chagrin. j'ai remarqué que, depuis le décès de leur fille, ils ont l'air rapprochés, comme des aimants. c'est étrange, mais, peu de temps avant sa mort, morgane me disait qu'elle craignait que ses parents ne divorcent. je suis allée sur sa tombe ce soir, après la fac, pour lui dire qu'elle ne s'inquiète pas, qu'ils sont beaux et biens tous les deux que la seule chose qui leur manque, c'est elle.
je ne veux pas l'oublier. et je ne peux pas. je pense à elle souvent. surtout quand le prof d'anat nous fait ce qui est censé être une blague sur quelqu'un qui se fait renverser par une voiture et qui explique les traumatismes craniens. et là, je me retiens pour ne pas m'effondrer de tout mon long sur la table. éli est souvent à côté de moi, je préfère que ce soit elle. parce qu'elle sait, parce qu'elle essaie de comprendre. alors que les autres, les nouveaux copains, ils ignorent le mois de janvier dernier, ils ne connaissent pas cette histoire du froid de la fin du mois. et je ne pense pas leur raconter.

lucas m'a appelée hier. j'étais sur mon vélo, je rentrai. il m'a dit "quand est-ce qu'on se voit émilieee?" alors, j'ai failli tomber parce que j'ai du lui répondre que je n'avais pas de vacances de la toussaint et que papa et maman ne prévoyaient peut-être pas de monter sur paris avant un petit moment. et j'ai senti sa voix baissée, il a dit "ah, d'accord" d'une voix si passive, si loin. ça m'a fait mal parce que je suis sûre que les changements de la rentrée ne sont pas faits pour un petit garçon de 10 ans, je suis sûre que ça l'a chamboulé cette histoire. et en même temps, il faut qu'il grandisse avec papa et maman, il faut qu'il découvre la campagne, et qu'il y vive et, comme ça, il pourra dire à ses copains, dans la cour de récré "ouééé, ce week-end, je suis allée à paris, voir ma soeur" et ce seront comme des moments magiques que nous vivront quand il viendra...

cela fait tellement longtemps que je ne suis pas venue ici. un mois et un jour. que dire?
après new-york et le cousin il y a eu paris et l'amoureux. je suis passée par des moments emplis d'émotions différentes les unes des autres. quand j'ai du quitter thom et la vue imprenable de l'appartement de manhattan, j'avoue, j'ai pleuré et j'avais comme une boule au ventre comme si j'avais voulu rester toute.ma.vie. et puis valentin est venu à l'aéroport et là tout a basculé. je l'ai vu, lui, tout bronzé, ses yeux noirs dans lesquels je me plonge ressortaient et je me suis dit que l'homme de ma vie était vachement beau. on a presque couru l'un vers l'autre (je dis presque parce que, en réalité, j'étais très fatiguée et que ma valise était lourde de souvenirs) il m'a embrassée, je l'ai embrassé, on s'est serrés l'un contre l'autre. j'ai souri en retrouvant l'appartement. lucas était encore là, il m'a sauté dans les bras en me racontant ces quelques jours loin de moi, il a fini par dire "tu sais, tu vas me manquer parce que je t'aime, moi" et là, encore toute émoustillée par mon voyage je lui ai dit que moi aussi mais qu'on n'allait jamais s'oublier. et baptiste est arrivé avec son macbook et ses histoires de journalisme. et lucas est parti avec son sac de voyage spiderman et son sourire d'enfant. j'ai changé de frère. et ça m'a fait, encore une fois, une drôle d'impression. ils sont tellement différents. 
alors voila, après ça, il y a eu ma rentrée et, maintenant, nous y sommes, je suis en médecine, en première année et je bosse comme une dingue. les garçons se débrouillent sans moi pour tout ce qui concerne l'appartement : baptiste va au courrier, valentin à la poubelle, une semaine mon frère fait la vaisselle et tout le ménage et mon copain fait la cuisine et met/débarasse la table. et vice-versa. c'est marrant, parfois, quand je travaille dans l'ancienne chambre des parents (qui est maintenant mon bureau, il est au bout de l'appartement, isolé) je les entends chuchoté derrière la porte "et là, tu crois qu'elle a fini? nan parce que c'est pour savoir si on mange maintenant ou après ou si je nettoie la salle de bain maintenant...." et j'attends un peu avant de dire "je vous entends, j'arrive, on va manger" et. c'est vraiment bien.

new-york!! je poste cela très vite. il fait beau, plutôt bon. l'air est pollué mais j'ai envie de respirer toutes les particules qui sont dans cette ville. je suis avec thom et on rit aux éclats, le soir, dans le clic-clac du grand appart de son père. mon oncle nous commande de la bouffe chinoise, vous savez, dans des boîtes en carton, comme on voit dans les films, il y a toujours des nouilles dedans, et ben voila, on mange ça. et c'est réellement bien. je rentre dans une semaine. see you later!

en direct de corse. nous sommes sous un soleil de plomb depuis maintenant une semaine. c'est magnifique. je me souviens de quand j'étais venue avec mes grands-parents, quand ils étaient "jeunes" et moi enfant. c'est assez amusant d'essayer de vivre les mêmes choses, de ressentir les mêmes émotions, douze ans après et pas avec les mêmes personnes. valentin est finalement venu avec nous. il rejoindra son père, sa belle-mère et lola pendant que je serai aux états-unis. on n'a même pas fait exprès mais nos plannings concordent parfaitement. il aura réussi à voir sa mère durant notre séjour au lavandou puisque, oui, nous étions dans sa maison (de vacances, familiale) à elle. et même si je ne l'ai pas dit avant, cette maman est géniale. elle était là, avec notre bande de jeunes mais sans être envahissante: parfaite. et. bonne nouvelle. avec valentin on a réussi à se trouver un petit job pour l'été, là, maintenant, en corse. en fait, mes parents ont sympatisé avec les voisins de la maison d'à côté et. ils ont deux filles (4 ans et demi et 7 ans). donc, le soir, quand ils sortent avec mes parents, on se charge de garder lucas, marion et laura. et bon, c'est déjà une occupation. sans oublier que nous avions réussi à se trouver un job dans le sud: on vendait des glaces quelques heures par jour. ce qui est bien c'est qu'on a les mêmes "valeurs" on est conscient que nos parents pourraient tout nous offrir (études, appart...) mais nous travaillons chaque année et, quand on peut, chaque vacances. valentin va même se trouver un travail pour les jours où il finira la fac plus tôt (ou commencera plus tard) et quelques week-end. et comme je devrai bosser comme une folle pour médecine et ben, quand il rentrera à la maison, j'aurai, avec un peu de chance, avancé mon boulot. bien sûr, on n'a pas de loyer à payer puisque nous vivons dans l'appartement de mes parents mais.
p.s: le fait de garder les filles, là, le soir, ça m'a fait penser à tous ces livres d'enfance qui doivent être à la cave, maintenant et. il faut que je note sur un post-it, ou quelque chose, qu'à mon retour, je descende à la cave et que je remonte quelques trucs qui me rappelle l'enfance, le goût sucré des sucettes, la senteur de shampooing mixa et la lecture mot-à-mot...

j'ai du retard dans ma vie. je n'ai pas répondu à tous ces commentaires et je n'ai pas le temps.
il y a du wifi dans la maison de vacances. ça fait un peu plus d'une semaine que nous sommes là avec valentin. et cinq jours que nous sommes vraiment tous ensemble, tous les amis réunis. nous sommes arrivés le 10 et repartons le 31. il fait beau. il fait chaud. il y a une piscine et la mer est à deux pas. la région est belle. et c'est la fête tous les soirs.
je n'ai pas raconté barcelone avec les frères et les parents ni la partie barcelone avec baptiste, seulement tous les deux le soir, sur sa mini terrasse. c'était magique. quand je reviendrai du lavandou, je partirai deux semaines avec papa maman lucas et sûrement valentin en corse (histoire de parfaire le bronzage) puis dix jours à nyc (souvenez-vous). je me dis que je vais faire et défaire les bagages (ainsi que des lessives) mais ça m'amuse les étés overbookés.
j'ai pris conscience seulement hier que tout allait bientôt changer. quand je reviendrai de vacances, après l'île en famille, rien ne sera plus pareil. lucas rentrera en sixième. parce que, même s'il n'a pas l'âge qu'il faudrait avoir, il a sauté la deuxième section de maternelle, le petit malin. bref, maintenant, il rentre au collège la même année que mon entrée à la fac. et. c'est marrant, dans un sens. ma tante dit toujours en riant que "tes parents ont tout programmé ma belle, tu rentres à la fac, lulu passe en sixième et baptiste revient". oui. baptiste revient. pour six mois. je change de frère. parce que. lucas passe en sixième. mes parents en profitent pour le reprendre sous leurs ailes : lucas vivait avec moi depuis noël parce que mes parents étaient partis (à cause de leur travail) vivre dans le sud-ouest, dans notre maison de vacances (qui est devenue leur vraie maison). mes prents ne voulaient pas que lucas change d'école en cours d'année scolaire alors ils ont attendu le collège. d'un certain sens, c'est mieux pour moi. parce que je n'aurais pas pu m'occuper bien de lui l'année prochaine, à cause de l'année de médecine qui m'attend. alors c'est mieux. mais. baptiste revient. de septembre à janvier/février, il fait une sorte de programme erasmus pour revenir en france quelques temps. moi qui appréhendais de me retrouver seule (avec valentin) dans l'appartement familial (imaginez-nous à 2 dans un 5 pièces... ahem), baptiste règle le problème, nous serons 3.
mais j'angoisse un peu parce qu'il y aura baptiste et valentin et moi. et. je m'étais "habituée" à protéger lucas et là, c'est baptiste qui débarque, avec son rôle de grand frère et c'est lui qui voudra me protéger. sans oublier que je ne sais pas comment ça se passera entre valentin et lui : ils se connaissent tout ça mais on ne sait jamais...
je laisse tout ça comme ça. pour le moment, ce sont les vacances. et. la chaise longue m'attend (avec mon valentin dans le transat d'à côté, sans oublier les amis dans et autour de la piscine)